Edition *Menus de Noël* – drenka

Cette semaine, pas de menu hebdomadaire – on a pas mangé! – mais on vous raconte ce qu’il se passe dans nos assiettes pour les fêtes de fin d’année (Noël, pour nous). Il y a deux cas. SOIT, on est mince, galbée et vive, et on peut se rendre dans ma famille dans le Sud de la France pour se gaver comme des oies (RIP, le cuisseau galbé). SOIT on fait environ 136 de tour de bouée ventrale (et 147 de tour de poitrine), et vu l’imminence de la ponte, on est punie et on doit rester avec des barbares briton pour un Noël Victorien.

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  • Notre menu de Noël du Sud

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Dans le village de mes grands-parents, la tradition était un « menu blanc » de réveillon, maigre, avant la messe de minuit, sur 3 nappes blanches superposées, avec notamment des cardes et des escargots. Puis les vraies agapes le le lendemain, jour de Noël, avec une entrée, un plat de poisson, un plat de viande (généralement du gibier), du fromage, et les fameux 13 desserts. Aujourd’hui la messe de minuit est à 18h le 24 décembre (une des messes auxquelles j’aime bien assister parce qu’il y a une crèche vivante et une chorale d’enfants), et puis on rentre pour un repas copieux. Les deux repas sont du coup combinés (mais enfin pour le maigre on repassera). Voici donc les plats qui sont donc servis chez ma grand-mère au réveillon.

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*Foie gras marbré aux épices de pain d’épice: Le déveinage (?) et la cuisson du foie gras, c’est compliqué…. Du coup, ma mère en fait une terrine, et en back-up au cas où il y aurait un problème, elle réalise une recette de foie gras marbré avec laquelle on contourne les 2 problèmes. C’est un peu le même principe que la recette de foie gras marbré de Mercotte : Au lieu de cuire le foie gras dans la terrine, on le découpe en escalopes, on le poêle, puis on le mets en terrine et on le laisse au frigo. Comme Mercotte le recommande, il faut choisir du foie gras IGP extra, pour du canard de chez nous qui a eu de la place pour courir. Pour cette recette, avant de le remettre dans la terrine, ma mère roule les escalopes de foie gras poêlées dans un mélange d’épices à pain d’épice, puis elle fait une gelée parfumée aux épices et aux baies de roses pour tenir l’ensemble. Elle le sert avec du chutney de poire, figues sèches et dates.

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*Langoustes à l’Américaine: Ou lottes à l’Américaine quand on est vraiment trop nombreux, c’est le plat de poisson.

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*Chapon farci et Cardes : Maintenant que le grand-père ne va plus trop à la chasse, le plat de gibier est généralement remplacé par un chapon farci. Il est accompagné de cardes, reliquat du menu blanc d’autrefois. C’est un légume qui ressemble esthétiquement à du céleri mal dégrossi, avec un goût qui rappelle celui des artichauts (on l’appelle cardon dans la région lyonnaise). On les fait avec une sauce blanche, c’est à dire une béchamel parfumée aux anchois, à l’ail et au fromage.

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*Fromages: à ce stade, je crois toujours que je vais passer mon tour sur le fromage, et puis en fait non.

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*Les 13 desserts: C’est une merveilleuse tradition du Sud… La composition des 13 desserts n’est pas figée, on choisit un peu ce qu’on aime, mais il y a les grands classiques. La pompe à l’huile (une sorte de brioche à l’huile d’olive et à la fleur d’oranger, que le plus jeune de l’assemblée doit casser sur la tête du plus vieux), qu’on trouve de plus en plus difficilement, les 4 mendiants, qui sont des fruits secs (noix, amandes, noisettes, raisins), les dates, d’autres fruits secs (figues, pruneaux, abricots), des fruits frais (clémentines, oranges), le nougat blanc et le nougat noir, les pâtes de fruits, les marrons glacés, les oreillettes… Dans ma famille on ajoute du chocolat (souvent des papillotes, des orangettes, et des très régressives boules crèmes). Et puis inclue dans les 13 desserts ou pas, il y a la bûche. J’en avais réussi une pour la première fois en vue du pré-réveillon dans la famille de Dawling, il y a quelques années – je me suis dit CHIC, j’ai plus la malédiction pâtissière. Et cette année là, Dawling et moi, on est restés coincés chez nous par la neige. Autant dire que j’ai plus recommencé. C’était une bûche à la crème de marron et au cognac, elle tenait bien chaud. D’ailleurs boire la moitié de la bouteille de cognac en cours de préparation avait sûrement aidé à l’enroulage, d’habitude c’est un désastre…

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Ca a l’air bien, non? Bin cette année je peux bien me mettre tout ça sur l’oreille, on sera avec la famille de Dawling… Il faut que je trouve des idées, parce que les britons ne mangent pas de foie gras, qu’on ne trouve ni langoustes, ni chapon, ni cardes, ni orangettes, ni nougats, ni papillotes, and more importantly, NI BOULES CREMES. Non le menu traditionnel c’est plutôt:

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  • Le Noël briton victorien

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*Cocktail de crevettes : ce sont des crevettes (et de l’avocat si on a de la chance) noyées dans une sauce mayonnaise – ketchup – crème – Tabasco.  Mais Dawling peut plus tellement en manger parce qu’une fois, il était invité chez une vieille dame de la très haute société anglaise, dont le chat (de la très haute société anglaise aussi, apparemment) avait fauché les crevettes et s’en était gavé tellement vite qu’il avait immédiatement tout vomi dans l’évier. Elle avait passé tout ça sous l’eau, recouvert de sauce cocktail et servi genre mine que rien…

Une autre entrée traditionnelle est bien sûr le saumon fumé d’Ecosse (comme dit Eve, il faut le choisir bio!) qu’on sert sur des blinis avec un mélange crème fraiche, ciboulette, citron, raifort (horseradish).

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*Dinde farcie (aux saucisses) ou jambon rôti: Bon, bin moi, z’aime pas la dinde (et puis alors j’ai pas envie de mettre une dinde dans mon four et de sentir la dinde pendant 15 jours). Et le jambon rôti, non plus, je trouve ça trop salé. Les deux sont accompagnés de:

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*Choux de Bruxelles bouillis. TRUE STORY. J’ai pas besoin de commenter là-dessus, si?

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*Christmas Pudding: Il parait que quand c’est bien fait, c’est excellent. Hum. C’est un mélange de pain émietté, fruits secs de toutes sortes, bière amère, gras de bœuf (« suet »), épices de noël, et de brandy (sans doute pour faire passer le goût?). On mélange tout ça, on enferme dans un torchon, et on met à bouillir dans une grande marmite d’eau pour 7h. Avant de servir on refait bouillir 2H pour réchauffer, puis on démoule, on recouvre d’alcool, on met le feu et on sert avec la flamme. La bonne nouvelle c’est que ça se garde des mois, ouaiiiis, on a jamais besoin de le jeter.

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*Minced pies: Mince, ça veut dire viande hachée, parce que dans la recette originale c’était de la viande hachée de bœuf ou d’agneau, mélangée à des fruits secs et des épices (en gros on prenait tout ce qu’il ya de plus cher dans la cuisine et hop, dans la tourte). Thank God, maintenant on y met plus de viande. Au début je détestais ça, et puis maintenant, je me suis mise à aimer, avec un bon thé de Noël pour faire passer quand même…

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12 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Je déteste aussi la dinde et le Christmas pudding (réalisé un Noël par mon oncle anglais ton fier de lui, le moment où te te sens obligé de finir ton assiette, l’horreur), nous sommes faites pour nous entendre.
    Et je découvre que tes cardes sont mes bettes! Moi j’aime ❤

    1. drenka dit :

      Et bin je crois pas que les cardes et les blettes, ce soit la même chose? Les cardes on en trouve qu’à Noël et le goût est différent – pis dans mes souvenirs les blettes sont blanches, alors que les cardes sont vertes?

      Ou alors vous avez différentes sortes de blettes que nous on appelle cardes?

      Oui le Christmas Pudding, c’est terrible. Je sais pas pourquoi ils s’infligent ça??

      1. pas blettes, bette. C’est comme ça que les appelle ma grand-mère… mais je crois qu’il y a des variantes oui.
        Ils sont fous ces Brittons!

        1. drenka dit :

          Ah OK, possible alors!

        2. drenka dit :

          Alors d’après ma tante, blettes et bettes c’est pareil, et les blettes font partie de la famille des chenopodes c’est à dire genre épinards alors que les cardons font partie de la famille des artichauts: cynara. Donc pas la même chose dis donc.

    2. MyrtilleD dit :

      Moi non plus je n’aime pas la dinde, mais ma belle-famille y est très attachée. Je ne sais pas si les cardes et les blettes sont la même chose mais en tout cas la présentation du plat ressemble à ce que préparait ma grand-mère, et effectivement dans mon souvenir c’était plutôt blanc. Je n’ai jamais su si on disait bettes ou blettes, les deux non ?
      Dis donc, les choux de bruxelles pour le réveillon c’est sacrément hard !!!! Surtout à la place de ton menu traditionnel dans le Sud. C’est carrément pire que la purée de céleri ou de navet auxquelles j’ai fini par m’habituer… Bon courage pour ton noël british alors 😉

    1. drenka dit :

      Ah non je connaissais pas – comme quoi pour se mettre à aimer le Christmas Pudding, y en a qui sont encore plus atteintes que moi hein

  2. Des choux de Bruxelles bouillis ?! Mais non quoi, c’est méchant, c’est censé être la fête :/

  3. miliochka dit :

    Haaannnn !

    Chapon farçi et cardons lyonnais, je bave sur le clavier de mon ordi, j’en veux MAINTENANT !!
    Heureusement que tu finis par les minces pies (attends, je rêve, c’est fourré à la viande et saupoudré de sucre ? Beeeuuuuuurrrrrkkkkkkkk…)

    Et sinon, cardes et cardons, c’est la même chose, de la famille des chardons et artichauts. Ca peut être un peu vert, mais dans mon pays, on les entoure de papier journal pour qu’ils ne voient pas la lumière et restent donc blancs.
    Et effectivement c’est pas du tout de la même famille que les blettes ou bettes. Mais si tu prends que le blanc de la feuille de blette, ça peut y ressembler. Sauf qu’à moi, la lyonnaise, même les yeux fermés, on la fait pas. Rien à voir !!

    Et sinon, bin moi, pour Noël, se sera aussi dans la belle-famille. En Alsace. Et là-bas, on dit :
    « En France, on mange bien. En Allemagne, on mange beaucoup. En Alsace, on mange bien et beaucoup. » (sans compter que les poulettes vont revenir avec l’équivalent de leur poids en Kinder…) Tu me diras, ça me change pas trop des Lyonnais : « Au travail on fait ce qu’on peut, à table on se force. »

  4. miliochka dit :

    Mea culpa !

    D’après le Dictionnaire des mots de la cuisine de Guy Martin :
    Carde : côte comestible de certaines plantes (blette, cardon…)

    Et, d’après le Grand Larousse de la Gastronomie, THE référence :
    Carde : côte comestible de la poirée, communément appelée bette. Les cardes constituent un plat apprécié en Provence et vallée du Rhône.
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    Cardon : plante potagère de la famille des astéracées comme l’artichaut dont il a un peu le goût. Les cardons lyonnais sont réputés, dans le Midi ils étaient de tradition à Noël. À l’achat les côtes de cardons – les cardes – doivent être bien fermes bla bla…

    Voilà voilà, donc cardons et blettes c’est pas la mêmes chose (c’est bien ce qu’on disait), mais les bettes et cardes oui, ce sont les côtes blanchâtres des deux premiers.

    Bon appétit bien sûr
    😉

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